Jeudi 24 mars 2011, je suis arrivé au groupe vers 20 heures.
J'ai procédé à la mise en place du groupe : apposer les affichettes sur la grille extérieure et à deux endroits pour le fléchage.
Dans ce groupe qui a ouvert le 6 janvier 2011, nous sommes un petit noyau d'habitués composé de 3-4 amis. J'étais seul.
Vers 20h20, deux personnes se présentent et me disent avoir eu notre adresse par la permanence des AA. Je les accueillais comme il se doit en leur souhaitant la bienvenue autour d'une boisson chaude.
20h30 : je suis toujours seul avec ces deux nouveaux amis. Je sors de la salle et me mets à me réciter la prière de la sérénité en boucle. Je respire profondément et reviens dans la salle.
J'explique que les AAmi(e)s arriveront un peu plus tard... Malgré mes quelques 24 heures d'abstinence, je n'avais jamais eu à vivre pareille situation : accueillir seul deux nouveaux amis. J'ai informé que j'allais commencer la réunion et j'ai respecté le "rituel" d'ouverture d'une réunion. Lecture de la définition. Annonce du thème de la réunion qui était la 2e tradition (j'ai orienté vers la première étape en fait). Lecture de notre méthode. Lecture du BIG de mars. Les deux minutes de littérature : c'est là que j'ai bifurqué vers la première étape.
J'ai ensuite partagé sur la première étape, sur ma vie dans l'alcool et sans alcool et essayé d'être sobre dans mon partage, sans triomphalisme ni apitoiement : simplement être moi, avec mes mots, mes forces et mes faiblesses.
Je me suis rendu compte que j'ai partagé assez longuement, mais en m'assurant que les deux nouveaux amis ne décrochaient pas.
Puis vint le moment où je leur ai donné la parole. Et là, le miracle AA s'est à nouveau produit sous mes yeux.
C'est d'abord l'homme qui a partagé. Cet ami précisait être plutôt timide, mais il a exposé de façon très claire sa vie dans l'alcool. Je le sentais soulagé de pouvoir s'exprimer librement, de pouvoir mettre des mots sur ses maux. Plusieurs fois, il me disait "comme vous l'avez dit" reprenant à son compte certains de mes propos. L'émotion était palpable et les larmes prêtes à couler. Mais beaucoup de dignité dans ce partage.
Ensuite, ce fut la femme, l'autre personne, qui partagea. Tout comme le prédécesseur, elle reconnaissait avoir un problème d'alcool depuis de nombreuses années, mais n'était pas désocialisée comme son ami.
Une discussion s'ensuivit où chacun parla sans couper la parole à l'autre.
Je terminais en insistant sur l'utilité des réunions et de s'investir dans le service. Et de citer mon expérience personnelle avec comme premier service celui de l'intendance (le café, les bonbons, ...) où quelques gestes simples renforcèrent mon sentiment d'appartenance au groupe.
Après avoir donné lecture de la formule suggérée pour clore la réunion, nous nous sommes unis en fraternité et j'ai récité la pensée des AA. Nous avons rompu la chaîne et proposé de revenir car "AA ça marche si vous le faites marcher! "