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15 juin 2016 3 15 /06 /juin /2016 21:09

Je suis partie en exploration dès mes 17 ans pensant que je pouvais tout aborder et vivre facilement du moment que j'avais consommé !

 

Je n'ai jamais fréquenté que des gens plus âgés que moi, cherchant dans des relations intimes le père que je n'ai jamais eu, et je m'y suis perdue. Quand je m'ennuyais, je buvais ; quand je draguais, je buvais ; quand j'étais triste, je buvais...

 

J'ai commencé à boire seule après une période de folies faite de corps à corps avec mes démons. J'ai vécu seule 10 ans faisant de chaque jour une fête avec la bouteille. C'était mon petit secret, pensais-je, persuadée que personne ne soupçonnais la présence de cette amie intime qui, chaque jour, me rapprochait de la mort. Je n'avais plus de libido, plus de désirs de grandeur, je voyageais seule sur une barque qui prenait l'eau de toutes parts, persuadée que ce que je pensais, écrivais, et vivais était plus beau avec la bouteille. Je finissais chaque soir vers 23h, étouffée par de gros sanglots qui réclamaient la mère que je n'avais pas eue, qui s'était suicidée 30 ans plus tôt. J'en étais venue à croire que je finirai comme elle.

Alors je rebuvais de plus belle.

 

J'ai souvent fini mes nuits chez les pompiers que je trouvais beaux et qui me ramenaient à la vie que j'essayais d'étouffer à coup de barbituriques bien dosées afin d'en finir avec ce monde qui ne me proposait que chagrins et désillusion. Je ne savais pas que la maladie avait déjà creusé son sillon me séparant des vivants.

 

Puis j'ai rencontré mon amoureuse, il y a 5 ans. Nous avons pris un appartement tout de suite mais la bouteille était toujours là, plus insistante que jamais. Comment allais-je faire pour boire suffisamment sans qu'elle le voie ?... surtout qu'on avait une cuisine américaine qui ne pouvait plus cacher les verres avalés en secret... Je l'aimais, j'étais heureuse, je n'étais plus seule, mais je me suis mise à boire de plus en plus, comme si cela était encore possible.... Pourquoi en avais-je tant besoin ? Je buvais tout le temps mais elle ne buvait pas, quel malheur ! Je ne pouvais rien exprimer sans avoir un coup dans l'aile. J'attendais 19h avec impatience, persuadée que si je ne buvais pas la journée je n'étais pas une alcoolique.

Après tout je l'avais bien mérité, ce verre, après mes dures journées de travail accomplies !

 

Un soir que je finissais les bouteilles, seule, accoudée au bar, une musique triste calée dans mon casque, ma compagne étant allée se coucher, la mélancolie que j'aimais tant ma susurré des mots doux. "Tu ne vaux rien, tu n'es rien, mieux vaut rejoindre la mère que tu aimes tant et qui pourtant passait son temps à te frapper! Meurs si t'es un homme !!!" Alors j'ai soigneusement écrasé dans un torchon 2 boîtes neuves de Lexomyl, pleurant à chaudes larmes sur mon sort. Mon Amie, ne soupçonnant rien, a débarqué au milieu de ma petite fête, pris le dernier verre que je m'étais servi et l’a vidé dans l'évier. Elle n'avait jamais agi de la sorte. C’en était trop ! J'ai avalé la poudre que j'avais soigneusement préparée et, très vite, sombré dans un sommeil profond... Ce n'est que le surlendemain que je me suis réveillée à l'hôpital. Je ne savais pas encore que c'était ma dernière cuite !

 

Le médecin a insisté pour que je fréquente un groupe appelé les AA mais j'ai tout rejeté en bloc disant que l'alcool n'était pas le problème. Je m'étais ratée encore une fois !

Quand je suis sortie de l'hôpital, ma compagne ma doucement proposé d'aller ensemble chez les AA dont elle avait entendu parler, disant que l'alcool finirait un jour par nous séparer. J'ai eu si peur de la perdre que j'ai accepté, lasse de tout. J'ai d'abord pris 15 jours de repos à la campagne avec des gens chez qui il n'y a pas d'alcool. Ça été dur, surtout mon retour sur Paris.

 

Puis ma première réunion, ma fierté de dire que je n'avais rien bu depuis 15 jours !...Briguant en secret une prochaine cuite à l'abri des regards. Je n'ai rien compris à cette réunion mais j'y ai vu des gens qui se disaient alcooliques mais qui avaientt des têtes de personnes normales... je ne comprenais plus rien ! Et je me suis surprise à attendre le jeudi suivant avec impatience... 

... vous connaissez la suite mes AAmis, cela fait maintenant deux ans que j'ai rompu avec la bouteille et ma compagne est toujours là. Nous cheminons ensemble, participant aux réunions et conventions AA, heureuses joyeuses et libres !

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  • : Groupe des Alcooliques Anonymes de Courbevoie-Bécon
  • : Créé au moment du 50ème anniversaire du mouvement Alcooliques Anonymes en France, en novembre 2010, le groupe de Courbevoie-Bécon s'est d'abord appelé : "Groupe des 50 ans". Par la suite, il s'est avéré préférable de le rebaptiser simplement 'Groupe de Courbevoie-Bécon", pour éviter la confusion avec un groupe de "cinquantenaires" exclusivement.
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